Un peu d’histoire

Son histoire et ses œuvres

Mise à jour 21 janvier 2019

 

L’église vue du carrefour (janvier 2019) : la chapelle Ste Élisabeth d’origine, ses extensions successives avec bas-côtés droits et gauches, puis chapelle latérale.

 

Vue de la rue des Chantiers vers la rue de Vergennes, qui souligne la profondeur du porche et de la chapelle latérale (janvier 2019).

 

 

 

Origine de l’église

 

 

En 1786, le village de Montreuil est rattaché à Versailles. Sa paroisse et son église sont Saint Symphorien. On y distingue deux quartiers :

  • le « Grand Montreuil » au Nord de l’avenue de Paris,
  • le « Petit Montreuil » au Sud, traversé par la rue des Chantiers.

 

Extrait de SGA20 IGN cartothèque 8178

 

 

 

Les habitants du petit Montreuil, quartier en plein développement, se plaignent de l’éloignement de la paroisse et émettent le vœu d’une église sur leur secteur.

Madame Élisabeth, la sœur charitable et pieuse de Louis XVI, qui possède une maison avenue de Paris, appuie cette demande.

 

Portrait de Madame Élisabeth, sacristie de Sainte Élisabeth

 

L’abbé Rousseaux, tableau au musée Lambinet de Versailles.

Un prêtre, l’abbé Rousseaux (Louis Hyacinthe Rousseaux de Lespinoy, né en 1745), aumônier du couvent des Augustines (l’actuel lycée Hoche) et confesseur à la maison royale, connait ce souhait.

Après la révolution et au retour d’émigration, l’abbé Rousseaux réside rue Vergennes. Vicaire à Saint Symphorien, puis chanoine à la Cathédrale, enfin grand vicaire du chapitre de Versailles, il est bien placé pour connaître la situation.

À sa mort le 2 Avril 1823, il lègue une somme importante pour l’époque, 30.000 francs, afin de construire une chapelle ou une église dans le petit Montreuil. Par ordonnance du 19 novembre, le roi Louis XVIII autorise le maire à accepter ce legs.

 

 

 

 

Création de la chapelle

 

Vingt-trois années passent avant que suite ne soit donnée au legs de l’Abbé Rousseaux. L’argent placé produit des intérêts: 63.300 francs en 1844.

En 1846, le terrain est acheté et décision est prise de construire une chapelle destinée aux seules célébrations de « messes basses » et à l’enseignement du catéchisme. Saint Symphorien reste la paroisse.

La position de l’évêque de Versailles, Monseigneur Blancquart, qui souhaite la création d’une église paroissiale, retarde encore la construction.

Celle-ci n’intervient qu’en 1848, à la nomination de son successeur, Monseigneur Gros, par la pose de la première pierre d’une chapelle de dimension modeste, 20 m de long et 9 m de large, soit la surface de la nef actuelle.

La chapelle est ouverte au culte le 21 septembre 1850.

 

La chapelle des origines (Dessin)

 

 

 

De la chapelle à l’église

 

 

Le quartier se développe, notamment après la mise en service de la gare des Chantiers en 1850. Le besoin d’un nouveau secteur paroissial s’impose à tous et se concrétise par décret impérial du 6 avril 1863 : la chapelle devient « église paroissiale ». Elle est inaugurée par Mgr Mabille le 4 octobre.

 

D’emblée la chapelle s’avère trop petite pour accueillir ses fidèles. Aussi de gros travaux sont progressivement entrepris:

 

  • d’abord l’agrandissement de la nef par deux bas-côtés (1867),

 L’église avec les bas-côtés, sans accès extérieur. Tableau au musée Lambinet de Versailles

 

  • puis la construction du chœur et de la sacristie (1884),

Chœur, maître autel, table de communion, chaire

 

 

  • enfin son embellissement par la mise en place des vitraux (1886), la décoration du chœur et des plafonds en caisson.

Bas-côté gauche: ses vitraux, la chapelle St Joseph, devenue chapelle du St Sacrement (janvier 2019).

 

Le plafond à caissons, le maître-autel de Vatican 2 (janvier 2019)

 

Bas-côté droit avec la chapelle de Notre Dame de Fatima

 

 

 

Sainte Élisabeth de Hongrie

 

L’église est dédiée à Sainte Élisabeth de Hongrie. Aussi en 1890, le chœur et son arc triomphal furent embellis par la toile marouflée du « Miracle des roses ».

L’église porte ce nom en hommage à Madame Élisabeth. La symbolique est aisée : le même prénom, la même Foi profonde, la même sensibilité aux pauvres et aux malheureux, la même fidélité à ses devoirs et sa famille.

 

La représentation du Miracle des roses est une toile marouflée, peinte en 1990 par Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921). Sur la bordure de la toile, les anges tiennent une banderole énonçant les vertus cardinales : force, patience, humilité, charité. La toile a été restaurée en 2009, comme l’ensemble du chœur.

 

Née en 1207, Élisabeth de Hongrie est la fille du roi André II de Hongrie. Dès sa naissance, le landgrave de Hesse et de Thuringe demande qu’elle soit donnée en mariage à Louis de Thuringe, alors âgé de 7 ans. Le roi accepte les fiançailles en 1211. Élisabeth quitte sa famille, pour toujours, et va rejoindre le château de Wartburg en Thuringe.

Elle est donc élevée avec son fiancé comme des frères et sœurs. Une complicité amoureuse en sera le fruit.

Elle se distingue très jeune par sa charité et une profonde compassion aux pauvres et aux malades. Mais cette piété exaspère les courtisans et particulièrement les deux frères et la mère de Louis. Pour autant ce dernier respecte les convictions d’Élisabeth. Devenant Louis IV à la mort de son père, il lui affirme son attachement et refuse de la répudier comme on le poussait à le faire.

Ainsi ils se marient en 1221 quand Louis atteint sa majorité. Elle a 14 ans. Elle est une très bonne épouse et lui donne 3 enfants dont un fils ainé héritier, Hermann. Elle soutient son mari et tient son rang. Le couple vit en chrétien.

 

 

Camée représentant le miracle des roses

Mais, bien que reine, elle vit le plus souvent possible la pauvreté. Elle distribue la nourriture aux mendiants et les soignent, même les lépreux. Vers 16 ans, elle entre dans le tiers ordre de Saint François.

C’est là que se situe le miracle des roses. Toujours en proie à la calomnie comme quoi elle dilapide les biens de la couronne, un jour ses deux frères convainquent Louis d’aller vérifier ce qu’Élisabeth distribue aux pauvres. Quand il lui ouvre son manteau, elle ne tient dans ses bras ni nourriture, ni objet, ni argent mais un bouquet de roses. Légende ou réalité ? Nul ne le sait.

En 1227, elle a 20 ans et tombe enceinte de sa dernière fille quand son mari s’engage pour la 6ème croisade, menée par Frédéric II de Prusse. Mais Louis n’atteindra jamais Jérusalem: il tombe malade et meurt alors que l’enfant d’Élisabeth vient de naître. Le chagrin d’Élisabeth est immense.

Son fils ainé n’ayant que 5 ans, il faut une régence. La famille s’oppose à ce qu’elle soit confiée à Élisabeth et l’attribue à un oncle, Henri Raspe. Élisabeth et ses enfants sont même chassés du château. Pendant 10 mois, elle est rejetée de tous, vivant dans une bergerie et faisant l’aumône. Elle prie.

Chasse du reliquaire de Ste Élisabeth

 

À leur retour, les croisés exigent qu’elle rentre dans ses droits. L’église accepte, Raspe fait pénitence et Élisabeth pardonne. Dès lors, elle se retire de la vie publique et mène une existence retirée, faite de pénitence et de pauvreté. Elle guérit les malades et convertit les pécheurs. Épuisée de privation, elle meurt en 1231.

Quatre ans plus tard, elle est canonisée.

 

Reliquaire de Sainte Élisabeth

 

 

Les évolutions

 

Fin du 19ème, début du 20ème siècle, vont intervenir deux évolutions architecturales importantes:

  • la création d’une chapelle, la  » chapelle des catéchismes », indépendante de l’église en 1894. Aujourd’hui elle est appelée chapelle du curé d’Ars et intégrée à l’église.

 

Création de la chapelle et création des ouvertures des bas-côtés sur la rue

 

Vue actuelle de la chapelle du curé d’Ars

 

  • l’installation en 1901 du grand orgue, orgue à 16 jeux du réputé facteur d’orgue John Abbey, orgue primé à l’exposition universelle de 1900 à Paris.

 

Photo de l’orgue à l’exposition universelle de 1900

 

 

Photo actuelle de l’orgue: pupitre, buffet et tuyaux sont d’origine.

 

Depuis seules des modernisations et restaurations modifient le visage de l’église :

  • l’installation de l’électricité et du chauffage en 1921 (Abbé Cayre),
  • l’intégration de la chapelle à l’église par l’installation de l’installation de cloisons amovibles en bois (1937) puis en verre (1990),
  • la mise en peinture unie pour l’ensemble de l’église dans les années cinquante,
  • la transformation du chœur, autel tourné vers les fidèles, après Vatican II en 1965 (Abbé Perrier),
  • une nouvelle modernisation importante (bancs, éclairage, etc.) en 1990-91 (Abbé Frasez),
  • enfin une restauration du chœur qui fait retrouver les peintures originelles en 2009 (Abbé Couder).

 

Après Vatican II, le chœur en peinture unie

 

Le chœur, vue actuelle avec restauration des peintures d’origine

 

 

Le chemin de croix

 

Le chemin de croix daterait des débuts de l’église. Retiré en 1965, le chemin de croix est réinstallé en 1990. Il aurait besoin d’être restauré.

 

Comme il en est fait mention à la 7ème station – « L Chovet à Paris – Propriété » – le chemin de croix est l’œuvre du peintre Lucien Chovet (1833-1902), le même artiste qui a décoré les plafonds, le chœur et la chaire de l’église.

Chovet est aussi une entreprise installée à Paris. Elle a réalisé de nombreux chemins de croix, mais aussi des décors ou des mobiliers religieux pour des églises partout en France dans le dernier quart du 19° siècle. Dans les archives des services  historiques, Lucien Chovet est généralement présenté comme peintre, mais parfois aussi comme « fabricant-marchand », sculpteur et même émailleur.

Les 14 stations du chemin de croix de Pontrieux en Bretagne présentent des scènes identiques à celles de Sainte Élisabeth.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vitraux

 

 

 

Les vitraux de Sainte Élisabeth sont de deux époques :

 

  • 1886, créés par les ateliers GSELL-LAURENT, deux maîtres verriers associés de Paris. Ils ont aussi réalisé les vitraux de la collégiale de Mantes, de Melun et la chapelle de l’Elysée.

Les donateurs sont inscrits par un texte (la confrérie de la Sainte Agonie), des sigles ou des blasons. Les noms ou familles donateurs ne sont pas identifiés.

 

  • 1904/05 : fabriqué par l’établissement parisien de maître verrier « Claudius et Georges Lavergne ».

 

Les vitraux du bas-côté gauche : Ces 4 vitraux anciens évoquent la Passion du Christ.

 

 

                        L’agonie de Gethsémani

 

                                     La crucifixion

 

 

 

                    La descente de la Croix                                   La résurrection


 

Le 5ème vitrail au fond, plus récent, représente Saint Louis et sa sœur, la bienheureuse Isabelle de France, fondatrice du monastère de Longchamp.

 

 

Saint Louis et Isabelle de France

 

 

Les vitraux de la chapelle du curé d’Ars et de l’accueil : Ces 4 vitraux anciens sont dédiés à la Sainte Vierge.

 

 

 

                 La présentation de Marie au temple

                          L’annonciation

 

 

                         L’adoration des mages                             L’assomption

 

Le blason du vitrail de l’annonciation identifie le donateur: une demoiselle de Tournon.

 

Le 5ème vitrail au fond de l’église présente Sainte Agnès et Sainte Lucie.

Il est semblable à celui de St Louis et sa sœur.

 

 

 

 

Les vitraux de la nef:

 

 

 

 

 

Les tableaux

 

 

  1. La crucifixion, de Bourdier.

 

 

Le tableau de la crucifixion est une œuvre de Bourdier, peintre versaillais qui fut élève de Granet. Peint en 1867 sur commande de la paroisse, il a été restauré en 2017 par le père Le Lay et installé à la chapelle du Saint Sacrement.

La symbolique de ce beau tableau est facile à observer : en bas la mort et l’enfer avec les ossements, le serpent et les éclairs ; en haut la vie et l’éternité autour du visage du Christ.

 

2. Vie de Sainte Élisabeth de Ph Casanova.

 

 

 

 

Les deux scènes de la vie de Sainte Élisabeth sont peintes par Philippe Casanova en 1993.

  • L’une présente Sainte Élisabeth expulsée du château par sa belle-famille, vivant de pauvreté avec ses enfants mais sous la protection de la Sainte Vierge qu’elle implore.
  • L’autre montre Sainte Élisabeth offrant sa couronne au Christ en croix. De retour en grâce par la volonté des chevaliers au retour de la croisade qui a vu la mort de son mari, Sainte Élisabeth fait le choix d’abandonner ses charges royales.

 

D’une famille paroissienne, Philippe Casanova a peint ces scènes à 28 ans. Aujourd’hui, il vit à Rome depuis plus de 20 ans et il est connu comme peintre baroque. Le style de ces deux tableaux interpelle : formes fuyantes et recherche de mouvement. Or Casanova a débuté comme dessinateur de bande dessinée. Ce style en est proche.

Aujourd’hui, les tableaux ornent le fond de l’église, de part et d’autre de l’entrée.

 

3. Lavement des pieds de Courteille

 

 

Le tableau  du « lavement des pieds » est une œuvre de Courteille en 1803, peintre versaillais peu connu mais cité comme exposant au salon de Paris de 1793.

C’est le plus vieux tableau de l’église. Restauré en 2016 par le Père Le Lay, il a été installé à la chapelle de la Vierge.

Les visages des apôtres interpellent : on peut noter le visage fermé de Saint Pierre, qui admet mal de se faire laver les pieds par le Christ; celui attentif de Saint Jean derrière lui; tous les autres visages marquent la colère, l’étonnement, le doute … tous signes de leur incompréhension devant ce geste de serviteur de la part du « Fils de Dieu ».

N’est-il pas aisé de reconnaître Judas ? (Cherchez la bourse aux deniers)

 

4. « La rencontre de la porte dorée

 

Ornant le fond de la chapelle du curé d’Ars, un tableau sans signature, attribué à l’école espagnole, a longtemps été présenté comme « le mariage de Joseph et Marie ».

 

 

Ce titre interpellait par des détails du tableau comme l’absence d’auréole derrière Marie, la signification de la maison, des anges et de la vierge en gloire.

L’avis des services historiques et d’un expert convergent sur un autre thème : « La rencontre de la porte dorée ». L’histoire est inspirée du proto-évangile de Jacques et de la Légende dorée de Jacques de Voragine (évêque de Gênes mort en 1298): c’est à la porte dorée – une des portes de l’ancienne Jérusalem – que les vieux parents de la Vierge Marie, Anne et Joachim, après vingt ans de mariage, se retrouvent après qu’un ange leur ait annoncé qu’ils auraient enfin un enfant, une fille qui sera la mère du Sauveur.

 

Cet épisode est aussi illustré par Giotto (fresque, chapelle des Scrovegni, Padoue) et Dürer (gravure, musée des collections graphiques, Munich).

Pour certains, la porte dorée serait aussi la porte par laquelle serait passé Jésus le jour des Rameaux.

 

Zoom sur la « Vierge en gloire »

 

 

Les statues

 

1. La Vierge de Fatima

 

La plus emblématique est, bien sûr, la Vierge de Fatima. Fabriquée au Portugal et offerte en 1990 par la communauté portugaise.

 

 

La paroisse Sainte Élisabeth est en effet depuis 1988,  l’église de cette communauté, nombreuse à Versailles, très active sur le plan religieux. Elle a sa propre messe, en portugais, chaque dimanche à 9h30 dans cette église. Si vous y venez à l’issue, vous constaterez que la Vierge de Fatima est comblée de fleurs et de cierges allumés.

 

Ainsi le curé de Sainte Élisabeth dirige en fait deux paroisses.

 

 

 

 

2. Les statues peintes

 

Une particularité de Sainte Élisabeth, les statues ont été peintes en gris au temps de l’abbé Frasez (vers 1990).

 

 

 

 

Les plus anciennes, car figurant à l’inventaire de 1906, sont au pied de la tribune de l’orgue : St Pierre et St Paul.

 

Auprès de l’autel du saint Sacrement, Ste Thérèse de Lisieux, don d’une famille de paroissiens. Lisieux est un lieu de pèlerinage fréquent pour la paroisse. Elle tient des roses dans ses mains comme « le miracle des roses ».

 

 

 

 

Dans la chapelle du curé d’Ars,

  • la statue du vénéré curé, installé à l’occasion du centenaire de sa mort en 1959
  • et celle de la Vierge du Sacré-Cœur.

 

 

 

Le Christ en croix

 

Ce beau Christ en croix a été installé en 1937, en souvenir d’une mission qu’a mené la paroisse pour le diocèse de Versailles.

Il est tout en bois sculpté, d’un seul tenant hormis les bras.

 

 

 

 

 

 

 

 

Peinture sur faïence: les apparitions de la Vierge de Fatima

 

1997 – 2017

Traitée à la manière azulejos, cette peinture sur faïence présente une scène des apparitions de Fatima, et a été offerte par la communauté portugaise pour le centenaire des apparitions.

 

 

 

 

 

 

Le pilier des indulgences

 

Au fond de l’église, à droite en entrant, sur un pilier de l’église, a été scellé en 1903 (date à confirmer) une plaque en bronze présentant une croix  autour de laquelle est écrit en latin : « A ceux qui regardent cette croix dans l’église posé et réciteront un Notre Père, recevront une indulgence de 200 jours« .